LES NUITS BARBARES OU LES PREMIERS MATINS DU MONDE
« C'est une histoire de chemin, tout est une histoire de chemin...
Cinq années passées entre l'Algérie et la France, de part et d'autre de la Méditerranée, cette mer à l'origine de tous ces peuples déracinés et exilés, origine
commune, fondamentale, indéchirable de ceux qu'on appelle les Méditerranéens.
Alors que je tentais vainement de retrouver la mémoire sur la terre de mes ancêtres, en Algérie, ce sont plutôt de nouveaux liens qui se sont noués, des liens inédits
qui m'ont permis de mieux comprendre d'où je venais et peut-être qui j'étais. J'ai rencontré des compagnons d'Art, témoins pour moi d'une histoire perdue. J'ai rencontré ceux que j'aime appeler mes
frères retrouvés. J'y ai découvert le goût des autres, j'en suis reparti, pour dessiner les contours d'une nouvelle aventure, gourmand de mystère.
Les nuits barbares ou les premiers matins du monde prend sa source dans cette immense et incontournable histoire de notre bassin méditerranéen. Je choisis ici de
partager ce chemin qui témoigne de mon envie d'aller vers l'autre, vers l'inconnu à l'encontre d'une actualité dont la machine médiatique qui, jouant de confusion, dicte trop souvent le « nous et les
autres , nous les Civilisés, et nos voisins, les barbares » et où le sens étymologique du mot « barbare » cède souvent le pas au sens péjoratif et qualifie celui qui, dépourvu de civilisation et
d'humanité, use de la violence avec gratuité.
Certes il est important de savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va mais il est important aussi de savoir d'où l'on parle et il me
paraît nécessaire dans le contexte actuel, et je pense qu'il nous est nécessaire à tous, de croire en une universalité des cultures à la fois partagées, métissées et étroitement liées ainsi qu'en un
avenir qui selon moi ne peut être que commun.
Les nuits barbares ou les premiers matins du monde sera comme un coup de pied donné au fond de la mer quand on s’enfonce dans les
ténèbres comme pour mieux remonter à la surface. S’éloigner des ténèbres de l’obs-curantisme pour mieux retrouver la lumière de notre histoire partagée.
Qui étaient ces Barbares venus du nord, mystérieux Peuples de la Mer dont la Bible, les chroniques, les monuments anciens relatent les forfaits, sans bien dire qui ils
étaient, ni d’où ils venaient ? Qui étaient ces autres barbares de l’Est, ces génies des temps obscurs, les Perses, Ioniens, Siths et Babyloniens, les arabo-musulmans ? De quelle Histoire inconnue,
oubliée, reprise, assi-milée ou effacée sommes nous héritiers ? Peuples coureurs de steppes ou bâtisseurs de tumulus, peuples avec ou sans dieux, pacifiques ou guerriers, vaincus et pourtant
féconds... Il est mille manières de fabriquer de la société.
L’autre, l’étranger fait et a toujours fait peur. Peur fantasmée avec tout ce que cela révèle dans la confrontation, d’ignorance et de frustration même.
Je choisirai donc ici de mettre en scène cette peur ancestrale de l’étranger pour mieux aller chercher et dévoiler tout ce qu’il y a justement de sa-voirs cachés, de richesses, de raffinements
derrière ces cultures barbares et questionner quelques préjugés bien ancrés dans nos esprits habitués à lire le destin de toute l’humanité à travers des œillères occidentales.
Je veux proposer non pas une réhabilitation de l’Histoire envers ces peuples, ni en faire l’apologie mais y apporter une mise en lumière sensible, pétrie d’humanité et
tenter de rendre attachants ces barbares, qui sont eux aussi nos ancêtres.
Une forme d’orientalisme avait nourri mes réflexions et rêves d’Orient portées sur Ce que le jour doit à la nuit. La noce barbare de Jean Cocteau, les musiques sacrées
d’orient et d’occident, les brillantes traces laissées par les cultures Vandales, Perses (et les pratiques des Zurkhanées), Goths, Celtes, Huns, Arabo-musulmanes... nourriront Les Nuits Barbares ou
les pre-miers matins du monde.
Je choisis de porter mon regard sur ce qui me paraît le plus beau, les mélanges des cultures, des religions, du sacré à travers
l’Histoire pour qu’elles puissent m’aider à dessiner et mieux encore révéler les fondations d’une géographie commune sur laquelle aujourd’hui d’un bout à l’autre du monde nous sommes debout trop
souvent sans le savoir.
Je veux me saisir aussi de l’Histoire, ouvrir les yeux, glisser vers l’autre, courir vers la Liberté... et me souvenir que le mot barbare se dit aussi Amazigh et
signifie l’homme libre.
A la beauté ! Celle qui au delà des guerres parle du mariage, celle qui rassemble, qui tourne le dos à toute revendication identitaire, celle qui prend le meilleur de
chacun, qui dans son histoire, son altérité et ses origines de toute façon métissées quoiqu’il en soit, lui rend hommage comme un hymne.
A la Méditerranée qui recèle pour moi tant de pourquoi lumineux où l’aveuglement et les bruissements sont les lettres d’or d’un secret perdu, celui de l’accord absolu de
notre désir et de notre destin.
A nos origines communes aussi qui se croisent toutes dans la Méditerranée occitane, orientale, provençale, espagnole, italienne, maghrébine, romaine, grecque…
A notre Histoire qui depuis plus de 3000 ans témoigne de tant de cultures dont l’altérité, nous rassemble, oh oui, nous rassemble bien plus qu’elle ne nous éloigne.
Qu’importe que nous soyons algériens, espagnols, français... Nous sommes avant tout de la Méditerranée et c’est cela notre appartenance, elle est plus ancienne que les nations.
Hervé KOUBI - Extrait de notes de travail - Septembre 2015
THE BARBAROUS NIGHTS OR THE FIRST DAWNS OF THE WORLD
« This is a story about a path, it's always about a
path...
Five years have been lived between France and Algeria, on opposite shores of the Meditarranean, the famous sea that is at the origin of these unrooted people with similar
pedigree and fundamental backgrounds entranched in those whom we call Meditarraneans.
As I was vainly attempting to search for reconciliation with the land of my ancestors in Algeria, new ties have instead emerged. Ties that have allowed me to reap a
deeper understanding of my own background and roots. I've met fellow artists, witnesses of a lost story. I've met those who I love to call my lost brothers. I've rediscovered the desire to surround
myself with others and I've returned with a thirst to create this new adventure.
The barbarous nights or the first dawns of the world takes root from this awe-inspiring and unavoidable story of our Mediterannean basin. I've chosen to share this road
which testifies my will to reach out to others, reach out towards the unknown against the mainstream ideas that amalgamate and often dictates how we see "us and them". We, the civilized and them, our
neighbors, the Barbarians, where the etymology often takes a pejorative connotation with images of a civilization amiss with any sense of humanity and filled with gratuitous violence often comes to
mind.
Naturally, it is important to know where we come from to better understanding where we are heading but it is also important to know where we're talking from and it seems
necessary to me in the current context. I think it is necessary for everyone to believe in a universal culture which is at once shared, mixed and linked in order to wish for an inevidably common
future.
The barbarous nights or the first dawns of the world will jumpstart a new current at the bottom of the ocean to distance us from obscurantism to better find the light of
our common history.
Who were these Barbarians storming in from the North, the
mysterious people of the sea that were often described in the Bible, chronicles, and ancient monuments often talk about without really describing who they were or where they came from? Who were these
Barbarians of the East, geniuses of the Dark Ages, these Persians, Lonias and Babylonians, the Arabo-Muslims? From what unknown, forgotten, reworked, assimilated or erased History from which we have
inherited?
The estranged ones have always been feared. A fear that is fueled by the confrontation of ignorance and frustration itself.
I would then chose to showcase this ancestral fear of the unknown and of strangers to better seek and unmask the beauty, rich knowledge and fine traits behind these so called Barbarians and challenge
the well entranched stereotypes from our Western societies.
What I seek is not a rehabilitation of History towards these peoples but to bring a more sensitive light, filled with humanity and try to make these Barbarians loved,
these Barbarians who are also our ancestors in some ways.
A form of orientalism definitely nourished my reflextions as well as some thoughts from Ce que le jour doit a la nuit. La Noce Barbare by Jean Cocteau, the weaving of
Eastern and Western music, the brilliant traces left by cultures like the Persians, Goths, Vandals, Arabo-Muslim have all nourished and helped inspire The barbarous nights or the first dawns of the
world.
I've chosen to bring my glare towards what I feel is the most beautiful; the mixture of cultures and religions throughout the Times to allow and help me draw the
foundations of a common geography on which we today stand, all too often without knowing.
I also want to seaze History, open my eyes and slide towards freedom while remembering that the word Barbarian is also said as Amazigh which signifies, the Free
Man.
To beauty! The one who, above wars, speaks of unity, the one who
gathers all, the one who turns it's back to identity claims, the one who takes the best of everyone and whom, throughout it's history, honors man as its anthem.
To the Mediterannean that contains so much luminosity that it blinds like a lost secret. The secret of our common lost desire and destiny.
To our common origins that has been weaved throughout times throughout the Mediterranean whether Spanish, Italian, Provencale, Oriental, Occidental, Italian, Maghrebi, Romain, Greek...
To our History which has, for over 3000 years, witnessed countless cultures whose differences have brought us together. Indeed, it has brought us together instead of
keeping us apart! Whether we're Algerian, Spanish, French.. We're first and foremost Mediterannean and this feeling of belonging is much more anciant than the concept of nations.
Hervé Koubi – working notes– January
2015
L’ÉQUIPE ARTISTIQUE /THE
ARTISTIC TEAM
Chorégraphie / Choreography : Hervé Koubi
Assistant chorégraphique / Assistant Choreographer: Guillaume Gabriel - Fayçal Hamlat
Musique / Music : Mozart - Fauré - musique traditionnelle algérienne - Wagner
Création musicale / Original score : Maxime Bodson
Arrangements : Guillaume Gabriel
Création lumière / Lighting Director : Lionel Buzonie
Création Costumes, accessoires et masques bijoux / Costums and accessories : Guillaume Gabriel assisté de Claudine G-Delattre
Coutellerie / Cuttlery : Esteban Cedres
PARTENAIRES
La Compagnie Hervé KOUBI est soutenue par la Région Nouvelle Aquitaine et le Département de la Corrèze dans le cadre d'une convention triennale. La Compagnie Hervé
KOUBI est soutenue par la Ville de Brive, le Ministère de la Culture - DRAC au titre de l'aide à la Compagnie, la Ville de Cannes, la Région PACA au titre de l'aide au
projet, le Département des Alpes Maritimes et l’Institut Français pour certaines de ses tournées à l’international.
Coproductions : Cannes – Festival de Danse / Centre Chorégraphique National de La Rochelle - Poitou Charente – Cie Accrorap /Centre Chorégraphique National de Créteil et du
Val de Marne - Compagnie Käfig / Ballet de l'Opéra National du Rhin
– Centre Chorégraphique National de Mulhouse / Centre culturel Jacques Duhamel de Vitré / Sémaphore - Scène conventionnée de Cébazat / La Papeterie d'Uzerche / Le Forum de Fréjus.
Avec le soutien de : Channel – Scène Nationale de Calais / Conservatoire de Calais / Domaine Départemental de l'étang des Aulnes – Département des Bouches du Rhône / Conservatoire de Musique et de
Danse de Brive-la-Gaillarde / Ecole Supérieure de Danse de Cannes - Rosella Hightower / CDEC – Studios actuels de la danse
de Vallauris / Ville de Vallauris / MAC de Sallaumines / Les Hivernales d'Avignon – Centre de Développement
Chorégraphique / Théâtre de Fos-sur-Mer / Théâtre la Colonne de Miramas / Pianocktail de Bouguenais / Safran – Scène conventionnée d’Amiens / Ville de
Malemort-sur- Corrèze / La Fabrique Mimont – Cannes.
SUPPORTS
La Compagnie Herve KOUBI is supported by the Limousin Region, the Departement de la Correze through the triennal convention. La Compagnie is also supported by the city
of Brive, the Minister of Culture - DRAC, the City of Cannes, the Region of PACA, the Departement des Alpes Maritimes as well as the Institue Francais for some of it's International
tours.
Coproductions : Cannes – Festival de Danse / Centre Chorégraphique National de La Rochelle - Poitou Charente – Cie Accrorap /Centre Chorégraphique National de Créteil
et du Val de Marne - Compagnie Käfig / Ballet de l'Opéra National du Rhin – Centre Chorégraphique National de Mulhouse / Centre culturel Jacques Duhamel de Vitré / Sémaphore - Scène conventionnée de
Cébazat / La Papeterie d'Uzerche – Centre de Développement Chorégraphique en préfiguration / Centre Culturel Yves Furet – La Souterraine / Le Forum de Fréjus.
With the assistance of : Channel – Scène Nationale de Calais / Conservatoire de Calais / Domaine Départemental de l'étang des Aulnes – Département des Bouches du Rhône
/ Conservatoire de Musique et de Danse de Brive-la-Gaillarde / Ecole Supérieure de Danse de Cannes - Rosella Hightower / CDEC – Studios actuels de la danse de Vallauris / Ville de Vallauris / MAC de
Sallaumines / Les Hivernales d'Avignon – Centre de Développement Chorégraphique / Théâtre de Fos-sur-Mer / Théâtre la Colonne de Miramas / Pianocktail de Bouguenais / Safran – Scène conventionnée
d’Amiens / La Fabrique Mimont – Cannes.